Je traverse les rivières
Et les coeurs de venin
Les paroles de pierres
Barbelés assassins,
Je traverse les déserts
Et le plomb du soleil
La brûlure de la pierre
L’aveuglante lumière;
Je traverse encore
Les injures et la galle
Le mépris des cadors
L’abandon général,
Je traverse les regards
Qui dressent les barrières
Le mot des barbares
Le rejet, la colère;
Je traverse mon destin
Réfugié en mon exil
Je ne suis presque plus rien
L’ ombre dans une ville,
J’ai perdu mon nom
Et le visage des miens
Le goût du blé si blond;
L’endroit d’où je viens
Je traverse et traverse
Comme une course sans fin
Pour un espoir de caresses
Mais pour les chiens et la faim,
Je suis aujourd’hui à genoux
Et tremble sous le givre
Et d’étranges gourous
Me cherchent et me livrent;
Je ne traverserais plus
Les murs sont en nous…(bis)
Tous droits réservés © Robert Hébé